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Le blog du G. P. S.

Le blog du G. P. S.

Depuis décembre 2008 à Toulouse, le GPS (Groupement Pour la défense du travail Social) se bat contre les atteintes portées aux personnes accompagnées du secteur social. Pour ce faire de multiples actions ont été menées en faveur du droit de ces personnes.


Rue89 : "Loger plutôt qu'héberger en urgence : où en est la France ?"

Publié par Le blog du G. P. S. sur 30 Décembre 2011, 15:00pm

Catégories : #Documents

Article d'Emile Brouze, paru dans  Rue89.com le 28 décembre 2011:
"Face à l'explosion des demandes, les moyens engagés ne permettent pas au gouvernement de mettre en place la stratégie du « housing first » adoptée en 2009.

 


Un bénévole du Samu social d'Angers prépare des couvertures (Stéphane Mahé/Reuters)

 

En 2009, la France a vécu un changement radical de stratégie quant à la prise en charge des sans-domicile.

Le gouvernement a en effet adhèré au principe du « housing first » (ou « logement d'abord ») : plutôt que de balader les SDF d'un hébergement d'urgence à un autre, la stratégie consiste à les accompagner au plus vite vers un logement pérenne, où ils recevront un suivi social.

 

1 -Une situation « terrible » qui empire depuis dix ans

Depuis des années, la France assure une prise en charge en « escalier » des sans-abri, avec différents paliers d'hébergement successifs.

Quand une personne appelle le numéro d'urgence 115 et si le service n'est pas saturé, elle est dirigée vers une structure d'accueil. A Paris, c'est plutôt l'hôtel. Sinon, en moyenne, les nuitées sont attribuées...

  • à 53% dans des centres d'hébergement d'urgence,
  • à 40% en hôtel,
  • à 7% dans une autre structure (hébergement de stabilisation ou d'insertion, maison relais ou résidence sociale).

 
150 000 SDF                                                                                                                                                                                       
En France,150 000 personnes seraient sans-abri, contre 85 000 il y a dix ans. La population est composée de    familles, de jeunes, de travailleurs pauvres                                                                                                                             

Sur le terrain, la situation est « terrible », rapportent les responsables des associations. En cette fin d'année, 150 à 200 demandes au Samu social se retrouvent non pourvues. Eric Molinié explique :

« On loge toutes les familles qui appellent. Mais pour les personnes isolées, il manque des places. C'est pire que l'année dernière : la précarité augmente. »

L'équation est implacable. Les places sont plus nombreuses mais pas suffisantes pour satisfaire les demandes croissantes :

  • il y a 58% de places en plus entre 2004 et 2011 ;
  • les besoins ont bondi de 75% entre 2001 et 2010.

Résultat : ça embouteille, autant au niveau des entrées que des sorties vers la suite de la réinsertion.

La Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) a procédé à une enquête sur les appels reçus au 115 durant une journée de juillet 2011. La conclusion est effarante : 65% des demandes donnent lieu à un « non » par manque de places disponibles.


« Il est évident qu'on manque de moyens »

« Il est évident qu'on manque de moyens », élude Eric Molinié. Une observation attestée par la Cour des comptes dans son rapport critique sur les politiques d'hébergement, rendu le 15 décembre 2011. La cour demande notamment une augmentation des capacités d'hébergement en zones tendues (Ile-de-France ou Provence-Alpes-Côte d'Azur).

Mais les juges préconisent aussi d'accélérer la politique d'insertion engagée par le gouvernement, estimant que la politique du « logement d'abord » ne concerne pas assez de mal-logés, et que les « résultats escomptés ne sont pas encore atteints ».

2- Le « logement d'abord », une belle stratégie sur le papier

 

« Housing first »                                                                                                                                                                                   
A New-York, des programmes de « housing first » ont débuté dans les années 1990 puis ont été généralisés sur tout le territoire. Entre 2005 et 2007, 30% des sans-abri ont été relogés.

Sur le principe, les responsables d'association se félicitent de cette stratégie. Avec quelques nuances : pour Eric Molinié du Samu social, « le slogan est un peu raccourci ».

Il préfère l'idée de « soigner d'abord, loger (au plus vite) ensuite » : beaucoup de SDF ne sont pas prêts à emménager de suite. Un tiers souffre d'ailleurs de maladies, précise-t-il.

Autre problème : le manque de logements tout court. Un point que relève Xavier Emmanuelli et dont le ministre est conscient : « Il faut continuer à construire », reconnaît Benoist Apparu

 

 Benoist Apparu, Xavier Emmanuelli et Pierre Chauvin (septembre 2011).

Il existe en France une myriade de micro-projets pour réinsérer les sans-domicile. Mais il est impossible de chiffrer le nombre de places exact afin de mieux articuler les politiques, regrette Matthieu Angotti, directeur du Fnars :

« On a déjà un problème de connaissance de l'existant. »

La loi DALO
Votée en 2007, cette loi doit permettre aux mal logés de disposer d'un recours pour trouver un toit. Elle reste très mal appliquée : selon un rapport publié en décembre, l'Etat est toujours plus « hors-la-loi ». Matthieu Angotti du Fnars observe : « C'est un indicateur assez terrible des difficultés de mise en oeuvre du logement d'abord. »

En novembre, dix territoires pilote (dont l'Ile-de-France, le Gard ou l'Isère) ont été selectionnés pour expérimenter le « logement d'abord » en 2012.

Le dispositif Solibail, qui permet à une association de jouer le rôle de tiers entre le bailleur et l'occupant, a déjà permis de capter 1500 logements en Ile-de-France depuis 2009.

En juillet, Benoist Apparu assurait, dans une interview au Monde parue en juillet :

« D'ici la fin de l'année, 4 500 places d'hôtel seront substituées par 4 500 places de logement. »

Mais avec 1 800 places effectives en décembre, on est loin des comptes. Le ministre réagit :

« Oui, ça ne va pas assez vite. Mais attention, on n'a pas fermé de chambres d'hôtel. »

Pour Matthieu Angotti, deux moyens permettraient d'avancer : engager une « politique de logement ambitieuse » et « investir dans des programmes d'accompagnement au logement. »

L'hébergement d'urgence ne va pas disparaire entièrement

Au téléphone avec Rue89, Benoist Apparu assure que les places d'hébergement ne seront pas toutes remplacées par des logements :

« L'hébergement va devenir subsidiaire. On aura toujours besoin d'un sas. Une partie du public n'a aussi pas l'autonomie suffisante pour aller dans des logements tout de suite. »

Le ministre rappelle également que les SDF sans-papiers ne peuvent pas être logés.

Pour Eric Molinié, l'hébergement sera, comme dans un hôpital, le lieu où l'on traite les urgences et où l'on trouve la porte de sortie vers l'insertion. Dans ce sens, une institution comme le Samu social, concentrée sur l'hébergement d'urgence, est amenée à évoluer.

3-En Europe, plusieurs pays adoptent une approche décentralisée

 

Les stratégies de prise en charge des sans-domicile, qu'on peut voir sur la carte en haut de cette page, varient en Europe. On remarque cependant que :

  • Dans plusieurs pays les services sont décentralisés et donc organisés au niveau régional et local. Exemple : l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne.
  • Plusieurs pays développent le « logement d'abord ». Exemple : la Finlande (le modèle en la question) ou le Danemark."
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